samedi 30 janvier 2021

Citations de "Dix-sept ans" d'Éric Fottorino

 Bonjour!

Le roman "Dix-sept ans" d'Éric Fottorino, comme vous l'aurez remarqué dans ma chronique sur celui-ci, m'a marqué, troublé. Après cette lecture, je me suis dit que j'allais vous partager certains passages.

Notes: J'ai l'édition de France Loisirs, avec l'accord des Éditions Gallimard, et publié en 2018. Donc, les pages desquelles proviennent les citations peuvent varier entre l'édition que j'ai et celle que vous pourriez avoir.


  • "La honte n'est pas très bavarde. Elle vous rentre les mots dans la gorge jusqu'à vous étouffer." p.29

  • "Cette vision a ravivé de lointaines images de mon enfance, quand Lina se déguisait d'un ciré rouge et d'une barbe en coton. Le stratagème était puéril mais je faisais mine de ne pas la reconnaître. Notre vie a continué comme ça. Sans que je la reconnaisse." p.38

  • "On s'en est sortis vivants, Lina et moi. Vivants, pas indemnes. Dans mon coeur, une statue de pierre est toujours debout, raide et menaçante. Nice commence par in point de côté, une peine à respirer." p.49

  • "Assis sur un banc de la coulée verte, je tourne autour de ma naissance comme une bête en cage." p. 57

  • "Je pense à cette expression, "une femme attend son enfant." Mais l'enfant est déjà là, blotti en elle. C'est lui qui attend sa maman. Moi, je t'attendais. Tu n'es jamais venue." p.64

  • "Deux pères ont effacé une mère comme un drame qui en cacher un autre." p.74

  • "J'ai fait comme autrefois come autrefois quand tu m'emmenais au restaurant. On regardait les gens. On les écoutait. C'était impoli. On adorait ça. Nous étions si peu une famille. [...] Tu te rappelles? On tendait l'oreille. On cherchait les ressemblances, on se demandait qui était le fils ou la fille de qui. Puis on se taisait. Rien n'était plus important que ce spectacle qui brisait notre solitude. Elles nous impressionnaient, les vraies familles." p.86-87

  • "À table, même serrés, il y avait toujours de la place pour l'angoisse. Elle mangeait comme quatre, l'angoisse. Plus on était maigres et plus elle était grosse." p.108

  • "La mémoire m'est revenue. Une mémoire à pleurer. On était deux enfants, petite Lina. Tu n'étais pas ma mère. Il n'y avait pas de maman qui tienne. Mamie régnait sans partage, décidait de tout. Vos prises de bec finissaient en cris. Je me bouchais les oreilles. Tu t'enfermais dans ta chambre qui était notre chambre. Je frappais doucement, laisse-moi entrer. Je te consolais. "Laisse ta soeur tranquille", lançait Mamie les dents serrées. Ma soeur." p. 128

  • "Mes lèvres remuent: "Je suis le fils d'une pute qu'un salaud de juif a tringlée avant de se tirer," La déflagration est immense, même en murmurant." p. 134

  • "Toutes ces années où je croyais n'avoir cherché qu'un père, je n'avais pas senti l'absente sur chaque photo. Il manquait quelqu'un. Il manquait Elle, la petite fille. On l'avait effacé et je n'avais rien remarqué. Ni vue ni connue. Seul le regard de ma mère aurait dû m'alerter. Je croyais que l'ombre à  l'intérieur de ses yeux n'était que mon triste reflet." p.144

  • "Un prénom ça se choisit à deux. Vous étiez deux. Ta mère et toi. Elle ne t'a pas laissé le choix. C'est elle qui a décidé. Éric, ce n'était pas prénom pour moi. C'était un prénom contre toi. Contre Moshé. Un prénom répulsif." p.162

  • ""Je ferais comme si tu étais morte." Cette petite phrase m'a saisi en quittant Nice, pareille à l'air d'une chanson qui vous obsède." p.179

  • "Depuis combien d'années on ne s'était plus retrouvés rien que nous deux, sans la famille, sans les enfants? En regardant ma mère, j'ai réalisé ce que je savais déjà. La petite phrase qui me poursuivait depuis Nice disait vrai. Je vivais comme si maman était morte." p.185

  • "Tu es une princesse d'Égypte, tes cheveux flamboyants sur la taie d'oreiller. J'attends que tu te réveilles comme ce jour de tes dix-sept ans où tu m'as fait le plus beau des cadeaux. Il est cinq heures du soir et nous venons de naître." p.261


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